Le point de départ

Il ne faut pas longtemps au curieux qui se penche sur les racines de la musique klezmer pour se retrouver en Roumanie : la douce Bessarabie, cette ancienne province de Moldavie, dont la nostalgie a accompagné en Amérique toute une génération d’immigrants juifs durant l’entre deux guerres et si souvent citée dans les chansons, les poèmes, la musique du petit monde ashkénaze en diaspora.
Cette zone culturelle foisonnante connut un destin singulier, prise dans les tornades de l’histoire au siècle dernier : rattachée tour à tour à la Roumanie et à la Russie, cette région – devenue république après la chute du bloc communiste – abritait aussi un bout du Yiddishland en plein essor depuis le dix-neuvième siècle, dont un grand héritage culturel nous est parvenu par delà la Shoah.
Elle a été le berceau du théâtre yiddish et le terreau fertile d’une partie importante de la culture ashkénaze qui s’y est développée à travers le théâtre, la littérature, la peinture et bien sûr la musique. Tout autour, rayonnait une activité musicale riche et variée : tandis que dans les villes la création artistique battait son plein, la vie des villages roumains et celle des shtetl étaient rythmées par les musiques traditionnelles.


Les musiciens professionnels de cette époque, juifs ou tziganes, parcouraient la région pour exercer leur métier, colportant les répertoires locaux, emportant parfois avec eux quelque mélodie spécifique trouvée en chemin, tissant des liens et échangeant sans nul doute autour des multiples répertoires qui se jouaient alors… Les répertoires traditionnels klezmer, moldaves et tziganes qui nous sont parvenus aujourd’hui témoignent de cet échange, de par leurs similitudes à certains endroits certaines mélodies, similaires dans leur structure principale mais avec des styles et des interprétations différentes, se retrouvent affiliées au patrimoine folklorique moldave d’un côté, réapparaissent sous forme d’une chanson tzigane de l’autre, ou se retrouvent transformées en mélodie de danse klezmer.
C’est en suivant ce fil rouge que Marine Goldwaser s’est retrouvée liée à la Roumanie et, de recherches en apprentissage, est tombée amoureuse de sa musique, jusqu’à l’entendre résonner en écho avec la sienne : la musique klezmer, celle qui avait bercé son enfance au théâtre yiddish de son père et dont elle avait hérité avec la culture ashkénaze de ses grands parents, une culture voyageuse ayant traversé l’Atlantique pour se retrouver en Amérique. Suite à une recherche menée au CNSM et de retour d’un voyage d’apprentissage à Bucarest, Marine Goldwaser a réuni Mihai Trestian et Adrian Iordan, pour une première rencontre qui a scellée la création du groupe et le début d’une aventure musicale et humaine.
En langue yiddish comme en langue roumaine, le mish-mash désigne un mélange ; c’est ce qui inspire ce trio, à mi-chemin entre les cultures musicales folkloriques, tziganes et klezmer de Roumanie.
Rassemblés autour de ces répertoires traditionnels, les trois musiciens puisent leur inspiration dans les racines ethniques et rituelles de ces musiques et s’intéressent à leurs identités multiples pour en proposer une interprétation moderne et inédite.

Le premier album

Avant c’était mieux…

« Avant, c’était mieux »… C’est la malicieuse rengaine que nous lance Le Petit Mish-Mash, comme prétexte pour nous entraîner avec lui dans un voyage décalé à la poursuite d’une mélodie vagabonde.

Une fuite en avant vers un passé revisité, où s’offrent à nous les paysages sonores enchanteurs d’un Yiddishland en terres moldaves, qui fait écho à la fièvre tzigane de Bucarest et résonne jusqu’au New-York Klezmer du début du siècle. Le puissant cymbalum et les flûtes pastorales nous invitent à la contemplation d’un monde traditionnel en mouvement, dont les multiples facettes se dévoilent au rythme fougueux de l’accordéon. Au fil de ce fringant périple, une ribambelle de sonorités s’invitent au cortège ; menées par la clarinette, cloches et cymbales, voix et autres effets sonores se mêlent à cette vaste célébration de l’ancien temps et viennent questionner l’avenir, car comme il est dit : il faut aller de l’avant, parce qu’avant, c’était mieux !

artistes invités
Cezar Cazanoi – flûte traversière
Zacharie Abraham – contrebasse
Sasha Lurje – chant
Alexis Faucomprez – scie musicale
Rafael Goldwaser – récit

enregistrement & mixage
Vincent Joinville (studio Babel)
mastering Raphaël Jonin (J RAPH i.n.g)
illustration Odélia Kammoun

Mihai Trestian
cymbalum

Né en Moldavie, il décroche le Premier Prix aux Concours National Stepan Neaga ainsi qu du Concours International Barbu Lautare avant de devenir membre de l’Orchestre Tele Radio Chisinau Folclor. Suite à une résidence de création à l’abbaye de Royaumont, il participe aux tournées Chants du Monde de Jean-Marc Padovani en 2000/2001. En 2002, le compositeur Gerardo Jerez Lecam l’embauche dans son quartet. Il travaille depuis régulièrement avec lui. Depuis 2004, il vit en France et collabore avec l’ensemble Daniel Givone, Sébastien Ginieux, Iacob Macciuca, l’ensemble Intercontemporain, l’ensemble Ars Nova, … Il développe aussi des projets personnels tels que Ciocan et Altfel. depuis sa rencontre avec Amit Weisberger, il se passionne pour la musique Klezmer et membre dans « Yiddishé fantazyé » (trio klezmer ancien) et la fanfare « Beigale Orkestra ».

Marine Goldwaser
clarinette/flûtes

Elle débute la scène au sein de la compagnie de théâtre yiddish de son père, et reçoit un héritage culturel qui l’accompagne tout le long de son parcours- artistique. Elle étudie la flûte à bec et la clarinette au conservatoire de Strasbourg puis continue ses études au CNSM de Lyon, ou elle poursuit une recherche autours des flûtes traditionnelles de Roumanie, et obtient un master de recherche et interprétation en 2014. Elle se produit avec différents ensembles de musiques anciennes et de musique traditionnelles, et travaille également avec plusieurs compagnies de théâtre (principalement le « Théâtre en l’Air », la compagnie « Beliashe » et la compagnie « Le Guépard Échappé ») Elle développe aussi un volet pédagogique à son activité, notamment avec les stages artistiques de Bréau qu’elle organise et au sein desquels elle enseigne depuis plusieurs années. Son fort intérêt pour la musique klezmer la conduit à mener une recherche personnelle autours de ce répertoire; elle co-fonde le collectif « Chic! Du Klezmer » spécialisé dans le bal, se produit avec les groupes « Glik », « Shpilkes », et accompagne les chanteurs yiddish Ben Zimet, Amit Weisberger et David Burzstein.

Adrian Iordan
accordéon

Accordéoniste issu d’une famille de musiciens tsiganes de Bucarest, Adrian vit en France depuis vingt ans et y développe une carrière musicale foisonnante: il crée deux groupe de musique tsigane (Finzi Mosaique Ensemble et Lautari de Bucarest ) au sein des quels il est directeur artistique. Outre sa carrière de comédien avec la Cie. de l’archet et soufflet (théâtre-musical), il travaille avec l’ensemble de musique baroque « La Tempesta » sous la direction du violoniste Patrick Bismuth avec lequel il monte un répertoire croisé de musiques baroques et tsiganes (création a l’Abbaye de Royaumont). Il se produit depuis 15 ans dans différentes formations (Binobin, Soha, Tomuya, Arbols, Les Attaqués, Dj Click, Gaëlle Marie , etc.) sur des scènes comme l’Olympia de Paris, le Zenith, Le New Morning, Le Théâtre des deux Ânes, La Halle aux Grains de Toulouse, Le Parco Theatre de Tokyo, le Global de Copenhague, etc.